Le plan de partition de la Palestine: retour sur un refus

Dans les discussions sur la situation actuelle au Moyen-Orient, beaucoup de commentateurs antipalestiniens rappellent que les Palestiniens ont refusé le plan de partition proposé par l'Assemblée générale des Nations Unies dans la Résolution 181 de 1947, ce qui les rendrait responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent aujourd'hui.

palestine partition

Infographie Nelly Jaquet

Cette accusation n'est pas sérieuse. D'abord, c'était il y a bientôt soixante-dix ans ; nous ne pouvons pas être tenus pour responsables de ce qui s'est passé avant notre naissance.

Ensuite, la partition telle que les Nations Unies la voulaient aurait donné naissance à deux pays composés chacun de trois très petits fragments entremêlés. Ni cette Palestine (en noir sur la carte ci-contre), ni cet Israël (en gris) n'auraient été viables, et l'acceptation des Palestiniens n'aurait rien changé à cette absurdité géographique.

Enfin, la partition n'a été acceptée par aucun des États directement concernés : ni par les pays de la région, ni par la Grande-Bretagne, qui administrait la Palestine sous mandat de la Société des Nations. Les Israéliens en devenir ont bien donné leur accord, mais c'était une feinte. Dès le lendemain du vote de la résolution 181, le futur premier ministre Menachem Begin disait: «Eretz Israel sera rendu au peuple d'Israël. En totalité» (1). 

C'est par leur existence même que les Palestiniens font obstacle à ce projet, et leur vote de 1947 n'y a rien changé. On est dans la même situation qu'à la naissance des États-Unis : certains Amérindiens avaient résisté par les armes, d'autres s'étaient opposés pacifiquement, d'autres encore avaient composé avec les envahisseurs, mais, à la fin, tous ont été dépossédés de leurs terres et déportés.

Le fait que la colonisation israélienne en Palestine se poursuit toujours étaie l'idée que les dirigeants israéliens d'aujourd'hui restent sur la ligne de Menachem Begin. Ils agissent ainsi en violation avec le Règlement de la Haye (art. 55) et la Quatrième Convention de Genève (art. 49.6), mais la colonisation a manifestement la priorité sur les droits fondamentaux des Palestiniens. 

(1) Menachem Begin, The Revolt: Story of the Irgun, Henri Schuman, New York, 1951, p. 335.

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